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Children of the Revolution


 

05 April 2001

Français pour l’avenir conference
 

J'aimerais tout d'abord vous remercier toutes et tous de m'avoir invité, mais surtout, merci aux élèves et aux écoles participantes.

J'ai toujours pensé que chacun de nous a plus de choses à apprendre qu'à enseigner. Certes, on m'a demandé de vous faire part de mes vues sur le bilinguisme en tant que président de la Commission nationale d'élaboration des politiques du Parti libéral du Canada. Mais je suis surtout curieux d'entendre ce que vous avez à dire, vous qui apprenez aujourd'hui le français.

En fait, elle n'est pas si loin l'époque où j'étais moi-même assis à votre place, pour prendre une image. Je suis né et grandi à Toronto, dans une famille anglophone, et j'ai fait ma scolarité dans l'une des premières classes d'immersion française de la ville, le primaire à l'école publique Howard et le secondaire à l'Institut collégial Humberside.

Au commencement, c'était commun de se méfier de l'immersion française. Pour de nombreux Torontois, il s'agissait au mieux d'une mode éphémère, au pire d'une expérience pédagogique mal avisée et motivée par des impératifs d'ordre politique, où les jeunes enfants, comme moi, servaient de cobayes.

En fait, les parents étaient tellement réticents à exposer leurs enfants aux soi-disant risques de l'immersion, que le programme fut presque annulé avant même d'avoir vu le jour. Le conseil scolaire avait prévenu l'école Howard qu'à moins de trouver 30 élèves dont les parents seraient assez braves (ou fous) pour les y inscrire, le programme ne recevrait aucun financement.

Pendant plusieurs semaines, l'école a imploré les parents d'élèves, a battu le pavé, et a même fait de la publicité à la radio. Malgré tout cela, elle n'a réussi à recruter que 25 enfants pour la première classe d'immersion. Heureusement, le conseil a été plus flexible qu'il ne l'avait laissé entendre.

À mon avis, cette conférence, les élèves inscrits dans les programmes d'immersion ­ rien que dans cette pièce vous êtes bien plus de 30 ­ et tous les élèves qui sont sur des listes d'attente partout au pays, c'est un bel hommage au courage et à l'intuition des pédagogues de l'époque.

Étant l'un des cobayes qui a survécu à l'expérience, je voulais vous parler brièvement des avantages sur le plan personnel qu'il y a à recevoir une instruction en français, ce dont je me suis rendu compte en travaillant dans le domaine politique, et vous dire pourquoi le français est important pour chacun d'entre nous. Mais je voulais aussi vous faire part de ce que j'appellerais les responsabilités citoyennes associées au bilinguisme, et vous dire pourquoi je crois que votre éducation et votre présence ici aujourd'hui sont essentielles pour notre projet national.

Tout d'abord, j'occupe le poste de président de la Commission nationale d'élaboration des politiques à titre bénévole. J'ai été élu par des délégués des quatre coins du pays au Congrès national du Parti libéral du Canada, et j'ai pour mission surtout de favoriser et d'encadrer la participation des citoyens à la définition des politiques publiques.

Mon objectif à court terme est de veiller à ce que les actions du gouvernement national correspondent aux souhaits des citoyens. À long terme, mon objectif est de faire entrer dans les mentalités la participation citoyenne, au sein du Parti libéral et à l'extérieur. Je suis absolument convaincu que la force de notre démocratie, et même la légitimité de l'État, repose sur la possibilité pour les gouvernés de dessiner les contours des orientations du gouvernement.

Je peux vous dire avec certitude qu'à ce moment charnière de notre histoire, il est tout à fait inconcevable que quelqu'un puisse jouer ce rôle, ou être appelé à le faire, s'il ne veut parler les deux langues officielles.

Le Canada est un pays bilingue, et servir notre pays, c'est le servir dans les deux langues.

Cela est vrai pour celles et ceux qui souhaitent jouer un rôle d'impulsion dans des institutions publiques ­ dans la fonction publique, les ONG ou en politique ­ mais aussi dans le secteur privé. La taille de l'État, en pourcentage du PIB, n'a jamais été aussi petite depuis 1949, et ainsi les citoyens s'attendent de plus en plus que les entreprises deviennent &laqno; citoyennes responsables », qu'elles s'occupent de leurs responsabilités sociales.

Donc, pour réussir dans les affaires publiques et privées, il faut non seulement pouvoir servir les clients dans leur langue, mais aussi servir l'intérêt supérieur de la collectivité dans les langues de la collectivité.

Cependant, nous connaissons tous, très certainement, des hommes et femmes politiques unilingues. Mais de nos jours, ils sont l'exception, non la règle. Qui plus est, les critères selon lesquels vous serez jugés, vous qui êtes aux études aujourd'hui, sont très différents des critères qui visent les gouvernants à l'heure actuelle.

Lentement mais inexorablement, les dirigeants politiques passent le flambeau à une nouvelle génération de Canadiens : une génération qui va vivre la majeure partie de sa vie au XXIe siècle, non au XXe siècle; une génération pour qui le Canada a toujours été un pays bilingue; pour qui la Révolution tranquille n'est pas gravée dans les mémoires mais dans les livres d'histoire.

Pour nous, il n'y a pas d'excuses, et l'opinion publique ne fera pas preuve de tolérance envers celles et ceux qui souhaitent servir leur pays mais qui ne peuvent pas communiquer avec tous leurs concitoyens.

Il a été donné à chacun d'entre nous de pouvoir parler deux langues. C'est un atout précieux, mais nous devons aussi assumer des responsabilités. Nous devons d'abord comprendre pourquoi le Canada est bilingue et pourquoi le bilinguisme pour nous est moins un privilège qu'un devoir.

La réponse facile, voire toute simple, qui expliquerait pourquoi le Parti libéral a mis en uvre la politique du bilinguisme officiel, c'est qu'on voulait répondre aux nationalistes du Québec, et persuader la minorité d'expression française en Amérique du Nord qu'il était plus avantageux de rester au sein du Canada que de s'en séparer.

Il y a certainement du vrai là-dedans. La crise qui a impulsé le bilinguisme au sein du Parti libéral, sous la direction à la fois de Trudeau et de Pearson, c'est l'agitation culturelle au Québec et la montée du séparatisme.

Mais les séparatistes n'ont jamais réclamé un Canada bilingue : ils veulent un Québec unilingue.

Peu leur chaut qu'un citoyen à Calgary puisse commander un timbre en français. Ce qui leur tient à cur, en revanche, c'est qu'un commerçant à Montréal ne puisse pas afficher en anglais.

Le pouvoir du bilinguisme, de cimenter notre pays, ne s'agit pas de mollifier les séparatistes, mais de servir les intérêts à la fois des anglophones et des francophones.

En tant qu'anglophone, j'ai davantage le sentiment d'être Canadien, j'ai un plus grand sens de la solidarité nationale et de ma spécificité sur la scène internationale parce que je sais que je pourrais, si je le voulais, tout comme n'importe quel autre citoyen, commander ce timbre en français.

Une communauté francophone dynamique et forte, aux quatre coins du pays, fait autant partie de mon identité culturelle canadienne, de mes droits inaliénables, que de ceux des Canadiens de langue française.

Ce ne sont pas les aléas de l'histoire ou les données de la géographie qui ont façonné le Canada. L'homme et la nature n'ont jamais autant conspiré que contre notre pays. Nous existons parce que l'union fait notre force, non pas en dépit de nos différences, mais en raison de nos différences.

Comme membres de la première génération qui a atteint sa majorité dans un contexte bilingue, je crois que nous devons tous nous rappeler, qu'à terme, le plus grand privilège, le plus grand atout, et la plus grande responsabilité qui nous ait été donnés, à chacun d'entre nous, ce n'est pas simplement d'avoir la possibilité de profiter sur le plan personnel de notre bilinguisme, mais d'avoir la chance de pouvoir nous montrer dignes du génie de notre pays.

Je vous remercie de votre attention.


















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